Le BDSM (acronyme imbriqué faisant référence aux pratiques de Bondage et de Discipline, de Domination et de Soumission, ainsi que de Sadisme et de Masochisme) est une famille de pratiques sexuelles qui est encore aujourd’hui mal comprise et très souvent considérée socialement comme controversée et stigmatisée. Bien que certaines pratiques BDSM peuvent être dangereuses, elles peuvent aussi être une grande source de plaisir et de satisfaction pour les participants. Afin que ceci le soit le consentement et la communication efficace des désirs et des limites est clé. En règle générale et avant toute scène BDSM, les participants consciencieux vont communiquer leurs souhaits pour l’interaction à venir et les règles afin de rester dans le consentement.
Dans cet article je souhaite discuter les types de limites qui peuvent être intéressantes à partager avec son ou ses partenaires. De plus, je souhaite aussi en dériver un apprentissage qui peut être utile dans le contexte plus général de nos relations.
Limites physiques
Les limites physiques sont celles qui nous viennent en premier en tête. On va ainsi communiquer si d’un point de vue physique on a envie ou non de certaines pratiques ou si on souhaite ou non d’être touché de telle manière ou à tel endroit. En générale, la personne en position de soumission ou en infériorité de pouvoir lors du rapport se doit d’être clair sur ce qu’elle ne souhaite pas qu’on lui fasse. En revanche, on néglige souvent de questionner les limites de la personne en position de domination. Est-ce OK pour elle de faire telle ou telle chose à son ou sa partenaire?
Limites psychologiques et émotionnelles
Au-delà des limites physiques, nous trouvons des limites souvent ignorées, notamment les limites psychologiques et/ou émotionnelles. Ces limites englobent tous ce qu’on pourrait faire vivre sur le plan mental à l’autre. Un exemple de limite émotionnelle serait que la personne dominante s’occupe de la personne soumise après l’échange et ceci de manière non-négociable, communément appelé aftercare.
Safeword
Puisqu’absolument tout ne peut être discuté avant une scène, puisque nous pouvons changer d’avis à tout moment, et puisque nous ne contrôlons pas tout ce qui peut se passer durant l’intéraction, l’utilisation d’un safeword est souvent le signe d’une pratique saine du BDSM. Un safeword dans le BDSM est un mot ou une phrase convenue à l’avance entre les participants et utilisé pour indiquer que les limites d’une personne ont été atteintes ou dépassées. Certaines safeword sont par exemple des mots qui n’auraient pas lieu d’être dans le contexte, comme « ananas » ou « New York ». D’autres kinksters utilisent les feux de circulations, « vert » qui veut dire « continue tout va très bien », « orange » interprété comme « ralenti stp », et « rouge » qui est l’arrêt total et immédiat des activités suivi par un aftercare. Ainsi les partenaires peuvent scénariser autant qu’ils veulent les mots « Non », « arrête », « stop », etc. sans qu’il n’y ait d’abus sur le plan du consentement.
Limites et safeword dans nos relations non-BDSM
Certains thérapeutes de couples, notamment en Thérapie de Couple Positive (TCP), proposent à leurs patients d’instaurer l’utilisation d’un safeword dans un contexte non-sexuel. Lors de disputes par exemple, si l’une des personnes sent que la conversation ne devient plus gérable pour elle, que des limites ont été atteintes ou qu’elle a besoin d’un temps mort, elle peut utiliser un safeword convenu en amont. Ainsi les partenaires vont mettre la dispute sur pause et avoir une posture bienveillante (dans la mesure du possible) l’un envers l’autre. Dans un moment de calme, les partenaires vont pouvoir revenir l’un vers l’autre et partager les limites qui ont été franchies et pour quelle raison. Le but étant de ne pas violer ces limites lors d’interactions ultérieurs. Par exemple, menacer systématiquement de divorce son ou sa partenaire peut faire objet d’une limite psychologique qui peut être instaurée dans un couple marié. Dans le livre, la salope éthique (2013), les auteurs suggèrent même de s’entrainer à se disputer de manière efficace afin de se blesser le moins possible.
Et vous dans vos relations, quels sont les coups interdits dont vous aimeriez être capable de safeword afin de mettre sur pause la dispute ?